Diffusés après l’arrivée d’Hitler au pouvoir (en 1933) et avant la victoire électorale du Front populaire (en 1936), L’Idée (1932), Bulles de savon (1933) et La Marche de la faim (1935) ont en commun de faire référence, métaphoriquement ou explicitement, à l’actualité sociale et politique, en dénonçant la répression du mouvement ouvrier ou le chômage de masse qui furent effectivement les fourriers du fascisme.
Récemment redécouvert, réalisé par Berthold Bartosch, L’Idée est aujourd’hui en passe de devenir un classique du film d’animation, remarquable pour son inventivité formelle et musicale. Bulles de savon, quasi invisible en France depuis le début des années 1930, peut, quant à lui, s’appuyer sur la relative notoriété de son réalisateur Slatan Dudow est en effet l’auteur de Kuhle Wampe (1932), célèbre film prolétarien allemand (à ce titre honni par les nazis). La Marche de la faim, redécouvert
en 1968 et réalisé par un certain I. M. Daniel, fut diffusé un temps avec La Vie est à nous (1936, dirigé par Jean Renoir) avant d’être à nouveau oublié.
Ni la qualité de ces films, ni les collaborations prestigieuses dont ils ont bénéficié (Arthur Honegger pour L’Idée, Jacques Prévert pour Bulles de savon, Joseph Kosma et Jean Lurçat pour La Marche de la faim) ne leur ont accordé une place suffisante dans les histoires du cinéma. Cela est sans doute dû à la singularité de ces œuvres, aux difficultés professionnelles et sociales des réfugiés allemands établis en France et aux lignes politiques parfois changeantes du mouvement ouvrier en Europe. Autant deraisons supplémentaires pour découvrir ces trois films.
Informations pratiques : Auditorium de la galerie Colbert, 2 rue Vivienne, Paris 2e Métro : Bourse (3), Pyramides (14), ou Palais-Royal (1, 7)
La séance sera présentée par Nina Gripe, étudiante de M2 Histoire du cinéma à Paris 1
jeudi 27 avril à 14h dans la salle 49
de l'université Sorbonne Nouvelle Paris 3 (13 rue de Santeuil)
Projection du très beau documentaire Films de famille de Alain Tyr
2016 1h20 Blu-ray
en présence du réalisateur
Cinq chercheurs de l'Ircav participent au film:
Laurence Allard, Marie-Thérèse Journot, Giuseppina Sapio, Laurent Creton et Roger Odin (certains seront aussi présents...).
entrée libre, retrouvons-nous nombreux !
Pourquoi filme-t-on sa famille ?
Mariages, naissances, anniversaires, tous les événements heureux sont prétextes à sortir la caméra.
Instrument de maintien de l'ordre social et familial, le film de famille permet à tous de se retrouver en groupe, face aux images, et de prendre part au rituel de reconstitution de l'histoire familiale que devient la projection. Flou, tremblotant, décousu, le film de famille possède son esthétique propre.